mercredi 12 mai 2010

Une belle rencontre

Il est extrêmement difficile de photographier les sabres japonais. Quand je vois ce cliché et quand je me rappelle du moment où l'un de mes amis est gracieusement venu me voir pour me montrer une de ses lames préférées, je suis frustré de n'avoir que quelques pauvres images qui ne rendent absolument pas la beauté de cette lame.
Impressionnante par sa longueur, sa largeur et son épaisseur malgré sa grande légèreté ( Dominique Bargiel, que je trouve très doué pour faire des lames robustes, impressionnantes en taille et pourtant légères comme des roseaux, en serait baba !); d'autant que la souplesse de sa ligne de trempe, son grain généreux, les gorges fines et élancées, et ses horimonos ( symboles gravés sur les lames) étonnamment élégants et culotés (habituellement je n'en suis pas friand) lui donnent une beauté qui me donnent encore des frissons.

La qualité du travail du forgeron qui l'a créé et des polisseurs ayant eu la chance de la maintenir aussi belle depuis sa naissance, est à couper le souffle, et m'a vraiment troublé. J'ai pu l'admirer à deux reprises le même jour, et à chaque fois ça a duré plus d'une heure; c'est la première fois que ça m'arrive. Il est rare de trouver des lames qui ont été désirées, reconnues, bichonnées et aimées par toutes les personnes l'ayant eu en main. Il me vient à l'esprit une phrase que l'on entend souvent dans le domaine des amoureux des lames japonaises: Nous ne sommes que les légataires éphémères de ces lames. Elles nous succèderont, parfois sur plusieurs centaines d'années voire même plus d'un millénaire pour les plus anciennes. Et si elles perdurent c'est uniquement grâce au plaisir de la contemplation, qu'elle vienne de qui que ce soit, d'un néophyte comme d'un amateur éclairé.

Pouvoir prendre dans sa main ce genre de chef d'oeuvre et l' admirer à l'oeil nu est un plaisir dont je ne me lasse toujours pas...